31. 5. 2022

Bohuslav Reynek et ses premières rencontres avec la France, à l’occasion du 130e anniversaire de sa naissance

Bohuslav Reynek
(né le 31 mai, mort le 28 septembre 1971 à Petrkov)

La France eut une importance décisive dans la vie du poète, artiste et traducteur Bohuslav Reynek : comme espace naturel, si différent de sa région de la Vysočina, mais aussi comme lieu de travail de tant d’artistes importants. Son premier voyage en France, sans doute en 1912, c’est d’ailleurs sur les pas de Paul Gauguin, en Bretagne, qu’il le fit. Et l’on peut apercevoir des échos de paysages bretons dans certains de ses poèmes et dans son œuvre d’artiste largement postérieurs. Mais alors, il venait de terminer ses études passées en 1904-1911 dans la ville de Jihlava, où il avait eu comme enseignant Max Eisler, futur professeur d’histoire de l’art à l’Université de Vienne. C’est au collège de Jihlava qu’il avait écrit ses premiers textes et créé ses premiers dessins et tableaux, dont son fameux portrait d’un camarade de classe du nom de Ťukal. Il allait bientôt commencer à traduire (y compris du français, en parallèle à ses importantes traductions de l’allemand).

C’est notamment grâce à sa collaboration avec l’éditeur de Stará Říše Josef Florian, à partir de 1914, ainsi qu’avec d’autres, que Bohuslav Reynek se mit à suivre de manière plus approfondie l’actualité artistique internationale de son temps, notamment française.

Lorsqu’en 1923, il écrivit sa première lettre à Suzanne Renaud pour lui demander l’autorisation de traduire son recueil de poèmes Ta vie est là… paru un an plus tôt, c’était déjà en traducteur expérimenté. Parmi ses travaux, on pouvait trouver des traductions d’auteurs tels que Paul Verlaine, Charles Baudelaire, Paul Claudel, Charles Péguy, Max Jacob ou Francis Jammes. Une pareille liste de noms dut assurément faire impression à la femme cultivée et au poète débutant qu’était Renaud. Après leur mariage au printemps de 1926, à Grenoble, et leur voyage de noces à travers la Provence et jusqu’à Hyères, les époux Reynek décidèrent de s’établir dans un entre-deux correspondant à leur situation : chaque année, jusqu’à l’automne, ils séjournaient à Petrkov, puis, jusqu’au printemps, à Grenoble. Les alentours de Grenoble et le Midi de la France furent une nouvelle source d’inspiration puissante pour Reynek : nous en retrouvons des échos dans de nombreux dessins et pastels créés alors.

Dans les années 1930, la découverte des possibilités d’illustrations de livres que lui offrait la pointe sèche, plus facilement reproduisible, Bohuslav Reynek se consacra avec enthousiasme à cette technique. Ce faisant, Petrkov et ses environs ne cessaient de revenir dans ses œuvres, tel un centre de gravité à soupeser toujours et à nouveau. En France, les époux fréquentèrent divers écrivains et artistes, Reynek y exposa avant de le faire en Tchécoslovaquie – avant tout, ils y nouèrent des amitiés durables qui devaient continuer de les rattacher au pays de Suzanne Renaud plus tard, une fois les frontières du Bloc de l’Est définitivement fermées. Les années 1920-30 furent pour eux un temps de rencontres intenses, comme si les deux pays n’avaient pas été séparés par près de mille kilomètres…

Jusqu’à nos jours, c’est L’Association Romarin : Les amis de Suzanne Renaud et de Bohuslav Reynek qui se consacre continuellement à l’œuvre des deux artistes en France…

Photo: Bohuslav Reynek et Suzanne Renaud près de Petrkov aux années 1920, archives de la famille Reynek

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